Lettre écrite à mes parents
5 jours après mon incorporation à l'armée

Cher papa, chère maman

Si je ne vous ai pas écrit, c'est que je n'avais ni timbres ni le moral, maintenant, j'ai les timbres, mais c'est tout.

Un an, ça va être dûr, car en cinq jours j'ai déjà remarqué que l'armée française avait déclaré la guerre à la poussière.

A l'armée, tout ce qui est utile devient inutile du fait que c'est utile.

J'ai des envies de déserter.

Dans
la caserne il y a déjà un qui a essayé de se suicider.
La seule réponse d'un sergent fut que : l'armée n'a jamais laissé quelqu'un dans le besoin !

Et puis lorsqu'on commençait à bien se connaître, on a été muté avec un autre gars dans une autre compagnie où les gars sont absolument cons.
Bel avenir.

Ce matin il pleut et c'est la poisse, et en plus, c'est la piqure.

Quant à la bouffe, moi je m'en fou un peu car je je n'ai commencé à manger un brin que vendredi soir. Et là, on doit jeuner jusqu'à lundi.

Je vous embrasse et vous demande si vous ne pouvez pas me sortir de ce trou infame.

Mon adresse : Sapeur Didier Leplat
5e Régiment du Génie
12e Compagnie
4e Section
Chambre D6
Camp de Satory
78013 Versailles

Maman, c'est pas la peine de m'envoyer de nouriture.
A bientôt, j'espère